Journées Géole

Retour sur la 28 édition des Rencontres Géole 2019!

Le mois d’avril est toujours bien chargé pour les Géoliens. Cette année c’est en Auvergne que se déroulent les rencontres annuelles SGF Géole et c’est sur le site de La maison de l’Améthyste que nous accueille Pierre Lavina, l’organisateur de ces 28ème rencontres.

Les festivités ont commencé dès le jeudi lors de la journée spécialisée de la SGF sur le thème du Patrimoine géologique, de l’inventaire à sa valorisation et sa médiation. Un petit tour de chauffe en partenariat avec la Commission Régionale du Patrimoine Géologique AURA (DREAL AURA Clermont-Ferrand – Lyon).

Toute la journée, les communications des intervenants se sont succédées : l’inventaire du Patrimoine géologique en AURA, le classement du « haut lieu tectonique » Chaine des puys – Faille de la Limagne au patrimoine mondial de l’Unesco, le Geopark du Beaujolais, la valorisation des carrières en exploitation, le géosite de l’Améthyste. Des exemples très concrets des projets, des initiatives et des ambitions géologiques en région AURA, mais aussi des expériences inspiratrices ailleurs (Normandie, Grand Est..).

La météo ne nous permet pas d’aller visiter la Mine de Poux (site aménagé par la Compagnie des Minéraux d’Auvergne qui a le projet d’ouvrir une nouvelle carrière d’améthyste), mais nous en profitons pour avoir un petit aperçu des animations proposées par les animateurs géologues et environnement de La maison de l’Améthyste.

Les derniers participants aux journées du lendemain arrivent petit à petit, nous nous sentons comme des étudiants à l’approche des camps de terrain de fin d’année. La nuit tombe sur le château de Montfort et la soirée se prolonge autour des derniers verres.

Le lendemain nous partons pour une journée d’excursion en car. La voix de Pierre nous réveille doucement en nous racontant l’histoire géologique de la région au fur et à mesure que le panorama de la plaine de Limagne se dévoile sous nos yeux. Pour ceux dont le café n’avait pas encore fait effet, les mots « contreforts», « oligocène », « cristallin », « hydromagmatisme », « pépérite », « tephrostratigraphie » nous font rentrer pleinement dans cette journée au fil des méandres de la route.

Le premier arrêt est l’ancienne carrière de Grand Gandaillat. Nous sommes accueillis par les représentants du Laboratoire Magmas et Volcans, Bernard Barbarin, Pierre Boivin et Lucie Le Corguillé du Conservatoire des Espaces Naturels d’Auvergne (CEN Auvergne). L’historique du site nous est présenté par l’adjoint au Maire de la Ville de Clermont-Ferrand, propriétaire du géosite, ainsi que le programme d’action d’entretien et de valorisation mené par le CEN Auvergne afin de poursuivre les visites et l’accueil du public dans les meilleures conditions.

Ancienne carrière de Grand Gandaillat, L.Baillet

Notre groupe se disperse ravi d’avoir quitté les bureaux pour cette escapade productive. Les bons élèves suivent le guide, les autodidactes font leurs propres observations, les chercheurs scrutent le sol, les photographes immortalisent le lieu, ceux qui connaissent expliquent à ceux qui ne sont jamais venus. Chacun s’approprie ce moment de découverte.

Le site est inscrit à l’inventaire du patrimoine géologique. De nombreux élèves, étudiants et chercheurs viennent comme nous le découvrir afin de comprendre un peu plus la formation de la chaine des Puys et de la Faille de la Limagne. Ici tout est réuni, à la fois les dépôts sédimentaires de l’Oligocène, la présence de stromatolithes, les séries de failles, les dykes basaltiques… En somme une plaine de Limagne miniature !

Tout le monde finit par se rassembler pour une lecture de paysage face à Clermont-Ferrand, à la faille de la Limagne, au Puy de Dôme et à toute la Chaîne des Puys. Juste derrière se profile notre prochain arrêt, le Volcan de Lemptégy.

Après le déjeuner, Philippe Montel, le gérant du Volcan de Lemptégy, une entreprise familiale depuis plus de 25 ans, nous présente avec une passion teintée d’émotion l’histoire de ce site et de sa construction, ou plutôt de la déconstruction du volcan. Une aventure où les exploitants et les scientifiques ont travaillé ensemble afin d’ajouter une dimension pédagogique, ludique et divertissante à cette activité industrielle. Sans cesse renouvelées, les attractions ont pour certains un petit côté sensationnel éloignant de la dimension naturelle du site, mais il n’en reste pas moins un exemple incontournable du mariage réussi entre une activité industrielle et une activité touristique, sur lequel les futures initiatives peuvent prendre appui et inspiration.

Volcan de Lemptégy, L.Baillet

Notre découverte du lieu se poursuit entre Lemptégy 1 et Lemptégy 2, entre cheminées et coulées de lave, entre accumulation des scories et dépôts des volcans voisins, entre dykes et suspicion de cryptodômes, entre pouzzolane rouge et noire, entre hématites et mousses de granite. Admirant l’anatomie intime d’une géologie bombesque, en croûtes de pain, en choux fleurs, en fuseaux, en rubans et en boules.

Les quelques gouttes de pluies, un tournage de film sur le site et une tarte aux myrtilles ne viennent même pas perturber la journée.

Au retour de visite, Stéphanie Gallet, animatrice passionnée du Volcan de Lemptégy, nous présente les outils pédagogiques mis à disposition des publics scolaires. Christine Montoloy, ingénieure du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne, en charge de la Chaîne des Puys, et Danielle Fournioux, Responsable plan de gestion Chaîne des Puys – faille de Limagne – Direction des Grands Sites Patrimoniaux, nous présentent un bref historique et les objectifs de développement suite à l’inscription, début juillet 2018, du site Chaîne des Puys – Faille de Limagne au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Dans le car qui nous ramène vers Vernet-Chaméane, et malgré l’intense journée que nous venons de passer, je suis surprise de voir que les ronflements sont rares, il y a tant de choses à partager, et le temps semble toujours trop court.

Le dîner est expédié pour aller assister à la conférence théâtralisée de Michel Meybeck, qui nous a concocté une soirée insolite avec la troupe « Foul’art scénique ». Ce soir les fées du lac Pavin sont venues nous conter leur éruption, leur lac, leur histoire, leurs légendes, une façon inédite de raconter la géologie. A peine le temps pour une petite coupe et un grand bravo à notre conférencier et à ses comédiennes, nous regagnons le lycée Massabielle, la journée de demain va être bien remplie.

Au café, quelques réglages de dernières minutes aux PowerPoints, la lumière se tamise, il est temps de commencer les présentations.

Le géosite de l’Améthyste d’Auvergne, le Musée de Minéralogie, le Palais de la Découverte, une équipe de projet de Géole, La Maison de la Science de Sainte-Savine, le Geopark du Chablais, le géosite de Cuise-la-Motte, le Geopark du Beaujolais, l’Association Géologique Auboise, le Géoparc des Monts d’Ardèche, le Parc-Géoparc du massif des Bauges, Ain Buggy Geo Découvertes, et encore, tous ne sont pas là.

Chacun partage ses avancées, ses idées, dans un esprit de collaboration et d’échanges constructifs et productifs. Que vous ayez des dizaines d’années d’expérience, ou un petit bagage d’amateur, que vous soyez géologues, vulgarisateurs, professionnels du tourisme, gestionnaires de projet, tout le monde à sa pierre à apporter à la dynamique de diffusion des Sciences de la Terre.

Il est impressionnant de voir sur quel pied d’égalité fonctionnent ces rencontres. Chaque initiative, découverte scientifique ou retour d’expérience est valorisé et encouragé. Je suis particulièrement marquée par cet esprit de bienveillance réellement présent tout au long de ces journées. L’AG de la section Géole-SGF clôt la journée avec de nouveaux objectifs pour l’année à venir.

Mais avant de s’atteler aux nouveaux projets, rien ne vaut une petite soirée animée par la troupe « Les orteils agités », où les talents des danseurs se retrouvent ou se révèlent à la grande surprise des participants eux-mêmes. Le petit verre de Verveine – et je ne parle pas forcement de la tisane -, le débat sur le monimolimnion et l’heure tardive ont raison des plus résistants.

Enfin la dernière journée et c’est déjà le temps des au-revoirs pour certains. Nous quittons Le Vernet-Chaméane pour une dernière exploration du géopatrimoine local dans la continuité directe de notre expérience théâtrale sur le lac Pavin.

La neige nous fait un bel accueil sur le paysage déjà mystérieux du lac. Mais nous sommes tout de même contents d’aller nous réfugier dans la salle d’exposition, au chaud pour rencontrer les gestionnaires de l’ENS du Lac Pavinet mieux comprendre ce lac si particulier. Nous avons d’ailleurs été chaleureusement accueillis par la première adjointe et Marie Léger, agente du patrimoine, de la commune de Besse et Saint-Anastaise, ainsi que Nadège Guimard, ingénieure du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne.

Le déjeuner arrive et sonne le départ de quelques participants. Un dernier petit café et nous partons en petit comité parcourir les berges du Pavin jusqu’à la chaise du diable, qui ne tient certes pas le devant du tableau de la mythologie liée au lac, mais qui mérite de s’y inventer une autre histoire.

Nous retrouvons Pierre pour le dernier arrêt de ce séjour, le creux de Soucy. La grille nous empêche l’accès à l’entrée du gouffre et nous ne pouvons que deviner l’entrée de l’immense cavité souterraine de 60m de diamètre et de 22m de hauteur dont le fond du gouffre et les fluctuations du lac n’ont pas encore livrés tous leurs secrets.

C’est sur cet arrêt énigmatique que s’achèvent ces 28èmes Rencontres Géole.

Avec un peu de résignation nous retournons à nos trains, nos voitures, nos bureaux. Le soleil se couche sur la Chaine des Puys. Encore un grand merci aux participants et aux organisateurs. Vivement l’année prochaine.

Maëla Lévigne

 

 

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